
Rêves et visions, entre Moyen Âge et époque contemporaine
Prise entre la nécessité relevée par Proust et le vertige interprétatif souligné par Yourcenar, chaque époque souhaite apporter à l’énigme du rêve une solution qui ramène à l’unité la diversité de l’activité onirique. Avant-hier, le freudisme et la théorie analytique nous apprirent à rechercher dans nos songes la trace d’un vœu en quête de réalisation, les traumas refoulés de l’enfance, les troubles élans d’Éros et Thanatos.
Aujourd’hui, les neurosciences tentent d’analyser au moyen de l’IRM des schémas d’activité mentale susceptibles de révéler le fonctionnement du cerveau. Et demain sans doute une machine pourra, sans emprunter le détour faillible de la mémoire humaine, nous indiquer ce à quoi nous avons rêvé… Peut-être sera-t-il donc bientôt possible, à défaut d’être pleinement rassurant, d’abandonner nos rêves à ces haruspices du futur qui découvriront dans nos cerveaux palpitants de nouvelles clefs des songes, si nous ne sentions que ces diverses solutions, considérées séparément ou même combinées, ne sauraient apporter pleine satisfaction à notre désir d’interprétation.