Le Musée d’art et d’histoire de Genève (MAH) organise depuis trois ans des expositions XL « carte blanche », qui permettent à des artistes de renom international de s’emparer de la collection du MAH et d’investir ses salles en laissant libre cours à leur créativité.
Pendant les six premiers mois de l’année, les espaces du musée se transforment à travers le regard d’un commissaire externe qui traite des sujets variés, de manière aussi pointue qu’accessible. Cette démarche permet aux collections du MAH d’être appréhendées d’une façon originale, et au visiteur de redécouvrir des œuvres qui sortent des réserves.
Après Jakob Lena Knebl (2021), Jean-Hubert Martin (2022) puis Ugo Rondinone (2023), c’est au tour de Wim Delvoye d’assurer le commissariat de l’exposition XL 2024.
Wim Delvoye © Studio Wim Delvoye
Cette exposition « L’Ordre des choses. Carte blanche à Wim Delvoye » se tient du 26 janvier au 26 juin 2024. Le plasticien belge né en 1965 propose une expérience artistique et esthétique inédite et une exploration profonde de notre relation à l'art et aux objets qui nous entourent. Artiste passionné par les choses et les artefacts, que ces derniers soient des œuvres reconnues ou de simples objets, Wim Delvoye nous invite à remettre en question les frontières en apparence trop étanches qui séparent les objets d’art de ceux du quotidien. Ainsi, des pièces issues de la collection du musée entrent dans un jeu de reflets et de contrastes avec celles de Wim Delvoye.
À gauche : Frank Christian, Coupe Nautile et son écrin, vers 1680 © Musée d’art et d’histoire de Genève, photo B. Jacot-Descombes ; à droite : Wim Delvoye, Étui pour une Mobylette, 2004 © Collection Claudine et Jean-Marc Salomon.
Pas de parcours imposé ici. Le public est invité à s’immerger dans un foisonnement joyeux et ludique d’objets, de références et d’interventions proposé par le créateur flamand au nom de ce qu’il appelle lui-même un « vandalisme élégant ».
Dans cette profusion, il est néanmoins possible de suivre quelques pistes. Tout d’abord le détournement, qui consiste à dérober un objet à son contexte d’origine et le transplanter dans un autre domaine de réalité. Ainsi, un Picasso devient un obstacle qu’un jeu de billes géant s’amuse à transpercer, des étuis dialoguent avec des sarcophages. Ensuite les renversements, qu’ils soient conceptuels ou physiques. Le noble devient trivial, et vice-versa ; par exemple quand Wim Delvoye donne à l’écrin une importance et une splendeur qu’on attend plutôt du contenu, questionnant alors nos hiérarchies esthétiques. Enfin les divers rapprochements font naître une réflexion sur la notion même de collection, sur les limites et les beautés du geste accumulatif.
À gauche : Wim Delvoye, Nautilus, 2017 ; à droite : Wim Delvoye, Rimowa Classic Flight Multiwheel © Studio Wim Delvoye
L’Ordre des choses s’inscrit ainsi parfaitement dans la mission de la Fondation Etrillard : cet artiste crée des ponts de façon ludique entre les artefacts des collections du Musée d’art et d’histoire et ses propres créations contemporaines. Ces dialogues créent la surprise autant qu’ils sondent notre rapport au patrimoine : une démarche chère à la Fondation Etrillard.
Plus d’informations sur : www.mahmah.ch
Antonio Canova, Vénus « Italica » ou Vénus sortant du bain, 1807-1810 © Musée d’art et d’histoire de Genève, photo B. Jacot-Descombes ; à droite : Wim Delvoye, Ball Track Venus Italica, 2023 © Studio Wim Delvoye