Après Louis Janmot. Le Poème de l’âme en 2023, la Fondation Etrillard soutient à nouveau une exposition du musée d’Orsay mettant en valeur l’œuvre d’un peintre méconnu du XIXème siècle.
Pourtant célébrée de son vivant et d’un talent indéniable, Harriet Backer était tombée dans un relatif oubli en dehors des frontières de son pays, la Norvège. Cette riche rétrospective, première exposition dédiée à cette artiste en France, lui rend enfin ses lettres de noblesse.
En partenariat avec de grandes institutions artistiques norvégiennes, elle se déroulera du 24 septembre 2024 au 12 janvier 2025.
Harriet Backer, « Intérieur, le soir [Aften, interiør] », 1896, Oslo, National museum, © National Museum / Børre Høstland
Méconnue en dehors des frontières de son pays, Harriet Backer a été la peintre femme la plus renommée en Norvège à la fin du XIXe siècle. Elle a réalisé une synthèse très personnelle des scènes d’intérieur et de la pratique du plein-air, puisant aussi bien son inspiration dans le courant réaliste que dans les innovations de l’impressionnisme à travers une touche libre, une palette qui s’éclaircit et un très grand intérêt porté aux variations de la lumière. Alors que la peinture de Backer a beaucoup évolué d’un point de vue stylistique au cours de sa longue carrière, elle est restée fidèle à un nombre resserré de sujets et à l’étude directe sur le motif.
Harriet Backer, « Mon atelier », 1918, Bergen, Kode Bergen Art Museum, © Kode / Dag Fosse
Sœur d’une compositrice renommée, Agathe Backer Grøndahl, elle a placé la musique au cœur de son travail, tant comme sujet que comme modèle.
Comme beaucoup de femmes de la bourgeoisie, Backer maîtrise le piano, et ce dernier trône au cœur de son appartement, à Paris et à Kristiana (Oslo). Le thème de la femme au piano infuse l’œuvre de Backer tout au long de sa carrière.
Davantage qu’un thème, la musique est un modèle pour Backer : elle souhaite que le tableau soit « une musique pour l’œil ». Comme beaucoup d’artistes de son temps, elle voit dans la musique l’aspiration et le modèle de tout art. Au moyen de la touche, de la composition et de la couleur, elle crée des rythmes et des harmonies colorées qui traduisent les impressions produites par la musique.
Harriet Backer, « Au piano [Ved pianoet] », 1894, Oslo, National museum, © National Museum / Børre Høstland
De retour en Norvège au début des années 1890 après une formation dans les grandes capitales artistiques européennes Munich et Paris, Harriet Backer a ouvert une école mixte de peinture, fait exceptionnel pour l’époque. Cet atelier devint l’une des plus importantes du pays avant la création de l’académie des beaux-arts. Cet enseignement complétait ses revenus car, elle peignait si lentement qu’elle ne pouvait vivre de la seule vente de ses tableaux. Comme professeur elle incitait chacun à développer son style propre. Backer eut une influence considérable sur toute une jeune génération d’artistes norvégiens.
Participant à de nombreux jurys d’expositions, Backer fut aussi, pendant vingt ans, membre du conseil d’administration et du comité d’acquisition de la Galerie nationale de Norvège.
Harriet Backer, « La Ferme de Jonasberget [Jonasberget] », 1892, Bergen, Kode Bergen Art Museum © Kode / Dag Fosse